Ruines du couvent Saint-François d'Orezza

Sur la route entre Piedicroce et Campana se dressent les ruines recouvertes de lierre de l’ancien couvent Saint François d’Orezza. Fondé initialement en 1485 par l’ordre des observantins, il fut repris par la suite par les franciscains qui l’agrandirent et le transformèrent aux XVIIème et XVIIIème siècles, construisant alors l’église aux six chapelles latérales dont vous pourrez admirer les vestiges. Haut-lieu de l’histoire corse, le couvent accueillit au XVIIIème siècle dans ses murs plusieurs consultes majeures. A l’occasion de la première en 1731, le chanoine Orticoni et plusieurs autres théologiens s’y retrouvèrent pour mettre en débat la question de la légitimité de la révolte contre le pouvoir génois. La cause corse y fut alors jugée unanimement « sainte et juste ». En janvier 1735, la célèbre consulte dite d’Orezza fut l’occasion de déclarer l’indépendance de la Corse et d’élire Hyacinthe Paoli (père de Pascal Paoli), Don Louis Giafferi et André Ceccaldi, généraux de la Nation, c’est-à-dire dépositaires du pouvoir exécutif. Une constitution fut également adoptée à cette occasion, laquelle plaça le peuple corse sous la protection de la Vierge, instituant l’Immaculée Conception comme fête nationale. En 1790 enfin, c’est toujours dans les murs du couvent que se tint la consulte qui établit Pascal Paoli comme président du département après son retour de d’exil à Londres. Le couvent perdit quelque peu de sa superbe dans le courant du XIXème siècle, mis en vente par l’Etat, puis finalement occupé comme caserne de gendarmerie jusqu’à l’effondrement de la toiture lors des chutes de neige massives de l’hiver 1934 (voir notamment Monacia d’Orezza). Les Italiens en firent un dépôt de vivres et de munitions pendant la guerre, que les Allemands bombardèrent en 1943, le réduisant à son état actuel de ruine. De nos jours, l’enceinte du couvent n’a toujours pas été déminée, et le clocher menace de s’effondrer. Le couvent Saint François attend toujours le projet qui permettra de stabiliser son état, et de le revaloriser dans le cadre d’un projet de réappropriation culturelle et historique.