Place des Carmes

A l’arrivée de Léopold en Lorraine, les stigmates des guerres sont très présents. Au moins 80 villages ont entièrement disparu, d’autres sont ruinés (Vitrimont, deux ménages en 1654 ; Moncel-lès-Luné- ville, un ménage en 1645). Le duc favorise l’immigration en autorisant, en 1698, les étrangers à s’installer sur les terres abandonnées et à construire une maison. Cette autorisation est assortie d’une promesse de naturalisation et d’une exemption d’impôt pendant 6 à 10 ans. Cette mesure attire une population jeune ce qui relance la natalité dans les duchés. La population de Lunéville est d’une trentaine de feux (familles imposables) en 1638, et d’environ 2000 habitants en 1702. La construction de nouveaux logements et de nouvelles structures devient impérative. Le duc Léopold favorise cette croissance grâce à un véritable plan d’urbanisme. Les places à programmes font partie intégrante de l’embellissement des villes. La place Saint-Léopold (actuelle place des Carmes) est conçue sur le modèle des places italiennes sur lesquelles apparaît la statue du prince. Le duc Léopold détourne quelque peu l’idée en faisant figurer la statue de son saint protecteur plutôt que la sienne. Tracée en 1711 par Christophe André, la place reliée au cœur de la ville par la rue Chanzy forme un ensemble, un modèle pour le reste de la ville. Le style architectural s’appuie sur des perspectives rectilignes, un alignement rigoureux et des éléments imposés (linteaux, corniches, encadrements). La construction de deux édifices de prestige, une caserne côté Ouest et un couvent de Carmes côté Est, apporte un prestige supplémentaire à l’ensemble. Les destructions dues aux deux guerres mondiales n’ont laissé de cet ensemble homogène du XVIIIe siècle que la partie Nord et une partie de l’ancienne caserne à l’angle de l’avenue du général de Gaulle.