Le Château de Thiébauménil

Il était une fois une bergère qui gardait ses moutons sur le plateau, les yeux fixés au lointain sur la ligne des Vosges - bleue comme l'uniforme d'un beau lieutenant de la garnison du Fort qui est venu s'asseoir à côté d'elle... Joséphine Thierry est née à Thiébauménil dans une famille modeste le 29 juin 1877. En cette année 1896, elle est jeune, fraîche, jolie, portant bien ses 19 ans, aimant la vie depuis que Jules-Louis Larcade, jeune, gai, original, né à Port au Prince (Haïti) la fréquente. Et, ce qui n'enlève rien à son charme, il est d'une famille immensément riche qui habite un bel hôtel privé à Paris. Pour la petite bergère de Thiébauménil, c'est un vrai conte de fée qui commence. Leur mariage fut célébré le jour-même de Noël 1897, et l'époux amoureux fit construire pour sa bergère une résidence somptueuse, à Thiébauménil, dite "Le Château" à l'allure XVIIIème siècle avec parc tracé par un paysagiste et kiosque à musique. L'ensemble porte sur la façade une plaque "Souvenir" et une date "1896", l'année de leur idylle amoureuse sur les pentes du fort... Jules-Louis Larcade était un parfait original, fondateur d'un journal à Lunéville "le Franc-tireur" où, millionnaire lui-même, il tire à boulets rouges sur les bourgeois de la ville. Il mourut très jeune, à 29 ans. Quant à Madame Larcade, très appréciée des habitants du village, elle mourut centenaire après avoir partagé sa vie entre son hôtel parisien et son château de Thiébauménil. Elle invitait toute la population à se réunir le 14 juillet autour de son kiosque pour y faire la fête. Bref, la petite bergère est devenue "la bonne dame de Thiébauménil". Emouvant, non !