Les Chartreuses de l’Ile Saint-André
Sous Stanislas, dans la partie la plus marécageuse de la ville, on creuse un grand bassin (disparu aujourd’hui) : la pièce Paquatte (nom de l’ancien propriétaire). Entre cette pièce d’eau et le canal, au-delà du Trèfle, les Chartreuses sont construites. Six, bientôt douze maisonnettes semblables, avec leur jardin clos que la fantaisie de Stanislas fait attribuer, pour un été, à quelques courtisans privilégiés : Madame de Boufflers (favorite avouée de Stanislas), son fils, le chevalier de Boufflers, le cardinal de Choiseul, le maréchal de Bercheny, ou encore François Devaux (lecteur de sa Majesté). Ce Trissotin de province, à défaut de poète mieux inspiré, fait alors les délices de la cour. Avec leurs Chartreuses, les bas Bosquets offrent le spectacle d’un petit Trianon anticipé bien avant qu’à Versailles, pour plaire à Marie Antoinette, des Dames en panier ne tiennent dans leurs mains blanches la houlette enrubannée ou le battoir d’ébène. Afin de divertir Stanislas, de pimpants seigneurs, un Prince d’église, un valeureux soldat, une indolente Marquise manient la bêche et le râteau, guident des espaliers et arrosent des salades.